Trois formes de jardin-paysage japonais

Le jardin à étang est un jardin d’agrément (kaiyùshiki teien). Souvent de taille importante, il s’organise autour d’un vaste plan d’eau. On le parcourt à pied et en barque, à la découverte au détour de chaque relief, d’une scène particulière : cascades, îles… Traditionnellement, l’étang est peuplé de carpes Koï. Faciles à apprivoiser, les carpes japonaises offrent une grande variété de couleurs et de « patrons », pour le plus grand ravissement des yeux.

Le jardin de contemplation est le plus souvent d’un jardin paysager sec (karesansui). Parfaitement composé, il est conçu pour être regardé depuis la demeure (ou le temple) à la manière d’une oeuvre d’art. Il éveille en nous une réflexion esthétique ou spirituelle. C’est un jardin aux dimensions parfois modestes, sur lequel on ne circule pas.

Servant de cadre à la cérémonie du thé, le jardin de thé (roii) est généralement de taille modeste. C’est un lieu intimiste, parfois entouré de hauts murs ou de haies pour s’isoler du monde extérieur. Sa végétation est assez semblable à celle d’un sous-bois naturel. Il emprunte des éléments aux deux formes précédentes, et comporte presque toujours une source ou un ruisseau. On y installe une lanterne et un bassin pour purifier les mains (tsukubai) comme c’est la tradition lorsqu’on pénètre dans le pavillon du thé.

On trouve dans un jardin japonais une très grande variété d’arbres et d’arbustes choisis pour l’esthétique de leurs feuillages. Dans les petits jardins, on aura une préférence pour les arbres à petit développement tels les flamboyants érables du Japon (Acer palmatum) intéressants pour leur port, la finesse de leurs feuilles et surtout par leurs couleurs automnales et printanières.

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Le claquement sec et sonore du shishi odoshi (ou « épouvantail pour cerf ») retentit à intervalles réguliers, comme pour marquer le temps qui passe, tandis que l’eau de la source, symbolisant le cours de la vie, se déverse sur un lit de galets.

Quelques arbustes dont la floraison est particulièrement abondante (Azalea japonica, Camellia japonica, Hydrangea macrophylla) apportent la fantaisie de leurs couleurs. D’autres sont intéressants par leur feuillage composé (Fatsia japonica, Mahonia japonica) ou coloré (Pieris japonica), ou encore pour leurs baies aux couleurs vives (Ilex pedunculosa). Certains sont choisis pour leur feuillage persistant que l’on peut tailler facilement (Buxus microphylla).

Au bord des étangs prospèrent les plantes de marais telles les prêles géantes (Equisetum hyemale), les iris d’eau (Iris kaempferi) des fougères appréciant l’ombre (Matteucia struthiopteris) et des fleurs de terre humide (Hemerocallis, Astilbe spp., Hosta fortunei, Hosta undulata).

Les graminées à fort développement sont très présentes en raison de leur aspect graphique et structuré (Miscanthus japonicus, Miscanthus sinensis). On trouve bien sûr les espèces de bambous les plus décoratives parmi lesquelles Phyllostachys aureosulcata, Phyllostachys nigra, Phyllostachys nuda, Sasa palmata, Sasa veitchii, Pseudosasa japonica, Arundinaria flexuosa.

Enfin, de nombreuses variétés de mousses servent habituellement de couvre-sol.

(Photo d’ouverture). Ce jardin de thé est construit autour d’une petite pièce d’eau. Les roches qui forment le contour du bassin donnent une impression de paysage panoramique, dont les proportions peuvent varier à l’infini au gré de notre imagination. Le ruisseau évoque la force vive d’un torrent de montagne. Le débit et la hauteur de chacune des cascades sont dosés de manière à obtenir l’aspect et la sonorité voulus. Sculptée dans le granit, la lanterne de style Tachi-Gata joue le rôle d’éclairage symbolique pour les allées.